Article de recherche: “‘Dis-moi ce que tu refuses de manger, je te dirai ce que tu es’. Esquisse de scénographie du repas dans quelques récits agro-alimentaires”

Cet article s’intéressera aux scénographies de quelques scènes de repas dans des récits agroalimentaires. Au sein des romans qui composent ce sous-genre littéraire, on passe souvent à table ; aussi ce moment est-il particulièrement travaillé par les autrices et auteurs, qui en font le lieu de conflictualités nouvelles et de rapports de force entre personnages à propos notamment de la consommation de viande, devenue elle-même un mets inquiétant, dangereux, voire immoral. L’apparition du personnage de végétarien ou de végétarienne dans une séquence de repas est l’occasion de renouveler une séquence pourtant topique de la littérature. Aux conflictualités traditionnelles s’implémente ainsi un motif de querelle nouveau, au caractère explosif, car remettre en question la nourriture partagée n’est pas un acte anodin. De plus, accepter ou refuser une assiette de porc, de poulet ou un bifteck, c’est participer à l’élaboration identitaire des personnages, qui trouvent par là à se définir par leur rapport à la viande, et se mettent en opposition ou en affinités avec d’autres personnages qui partagent (ou refusent) le même plat.

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Article de recherche: Les fictions de l’élevage industriel, un objet littéraire hybride au carrefour des crises contemporaines: Le détour par le réel comme hypothèse épistémologique

Mots clefs :  interdisciplinarité, élevage industriel, fiction, genre littéraire, réalisme.

Résumé :  En ce premier quart de XXIe siècle, les menaces économico-sociales et environnementales qui pèsent sur les sociétés occidentales n’ont jamais paru aussi prégnantes et urgentes, obligeant les écrivains à s’emparer de ces questions et à faire un détour par le réel. Dans cet article, je commencerai par effectuer moi-même un détour sur ma posture de chercheur puisque la question de « l’élevage industriel » est un fait complexe à cerner qui intéresse de multiples disciplines. Mais ce détour permet de mieux saisir l’émergence et le fonctionnement d’un genre en gestation dans les littératures occidentales : à une triple crise sociale, rurale et environnementale répond en miroir un ensemble d’œuvres qui croisent à des degrés divers roman social, roman paysan et écofiction : cette singularité permet de mieux situer le genre hybride des fictions de l’élevage industriel.

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Article de recherche: “La destruction d’un élevage industriel: étude narratif d’un topos des fictions de l’agrobusiness”

Résumé

Bien qu’il ait déjà été repéré par la critique et qu’il soit très bien représenté dans la littérature contemporaine, en particulier dans les fictions qui prennent pour objet les élevages intensifs modernes, le topos de la destruction d’un élevage industriel n’a encore pas fait l’objet d’une étude particulière. Cet article entend esquisser un ensemble de traits saillants qui permettent d’identifier cette « configuration narrative récurrente » dans un ensemble de romans de langue française parus aux XXe–XXIe siècles ; il se focalisera plus particulièrement sur deux romans des années 2010 : Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo et 180 jours d’Isabelle Sorente.

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Tintin en Amérique, Hergé (1932)

Dans sa troisième aventure qui paraît en album en 1932, avant la version couleur de 1946 que nous connaissons, le jeune reporter Tintin voyage en Amérique et s’attaque à la pègre. Sur sa route, il croise Al Capone, les Peaux-Rouges, mais surtout (ce qui nous intéresse!) les abattoirs de Chicago lors d’un épisode fameux au sein duquel il échappe, une énième fois, à une mort certaine.

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Lord of the Barnyard, Tristan Egolf (1998)

Après avoir essuyé de multiples refus par différentes maisons d’éditions aux États-Unis, Tristan Egolf vient s’installer à Paris pour lancer sa carrière d’écrivain. Il y rencontre par hasard Marie Modiano, fille du prix Nobel de littérature, qui l’encourage à publier le manuscrit de son premier roman. Lord of the Barnyard (Le seigneur des porcheries) paraît en version traduite (et non en anglais!) chez Gallimard en 19981. Considéré comme un chef-d’oeuvre, bien que peu lu en France, ce récit lance une carrière qui s’interrompt de manière foudroyante, puisque Tristan Egolf se suicide en 2005, à peine âgé de 33 ans.

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  1. L’anecdote est racontée dans le Guardian. []

Comme une bête, Joy Sorman (2012)

À Ploufragan, commune située dans les Côtes-d’Armor, le jeune Pim n’en peut plus du collège, il veut gagner sa vie, faire du concret. Le CAP boucherie l’intéresse, “la viande le motive davantage que le bois”1. Le voilà donc lancé dans l’art de la découpe dans un roman qui fait la part (peut-être trop?) belle à l’artisanat.

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  1. Joy Sorman, Comme une bête, Gallimard, 2012, p.18 []

Maux de l’élevage industriel

Un sondage IPSOS de janvier 2019 l’affirme : 88% des Français seraient contre l’élevage industriel1. En même temps, le nombre d’animaux abattus issus de ce type d’élevage n’a jamais été aussi grand : rien qu’en France, plus d’un milliard d’animaux sont tués chaque année ; dans le monde, ce chiffre grimpe à 80 milliards et ne concerne pas les animaux dits aquatiques dont le chiffre est bien plus important2. Dans ce billet, je vais me focaliser sur les critiques formulées à l’encontre de ce système dominant mais dont le monopole est de plus en plus dénoncé.

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  1. Espinosa Romain, Comment sauver les animaux, PUF, p.30. []
  2. L214, https://www.l214.com/animaux/chiffres-cles/elevage/ []